lundi 30 septembre 2013

Surprises papales


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

-         L’interview du pape à des revues jésuites (dont nous avons publié des extraits mardi dernier) a créé un  buzz dans les médias qui ont conclu aussitôt que François 1er voulait rapprocher l’Eglise du monde. Il est vrai que le nouveau pape appelle souvent l’Eglise à être «dans les périphéries», mais il ajoute tout aussi souvent que l’Eglise doit être plus missionnaire. Les chrétiens ne peuvent accepter à la fois les propositions de Jésus et celles du monde, a affirmé le pape le 11 avril lors de sa messe matinale. De plus, l’Eglise a toujours fait la distinction entre la miséricorde envers les personnes et la qualification morale des actes. Sans oublier que lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, Jorge Bergoglio s’est prononcé en faveur du célibat sacerdotal. Le pape a parlé dans son interview d’une réflexion sur un certain nombre de sujets chers aux médias mais n’a donc annoncé aucun changement pour l’instant. On peut s’attendre cependant à ce qu’il mette en route une plus grande synodalité dans l’Eglise. Par ailleurs, il semble ne pas vouloir gouverner seul et se fait accompagner pour cela par huit cardinaux. C’est un pape qui va droit au but, sans complexe, et qui nous réservera sans doute des surprises mais il est trop tôt pour claironner sur tous les toits que l’Eglise va changer comme l’ont fait les médias. Il ne faut également plus s’attendre à une réconciliation entre les traditionalistes et Rome. Mgr Fellay, le supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, a rejeté le Concile Vatican II tandis que le pape François donne une grande importance à ce concile. Le pape ne veut pas non plus d’une «idéologisation» de l’ancienne messe. Il ne montre pas en tout cas la même sensibilité liturgique que Benoît XVI. En conclusion, ce que le pape a dit en interview, il l’a déjà dit plus ou moins dans ses homélies…

-         Le conflit syrien est rendu plus complexe du fait qu’environ la moitié des rebelles anti-Assad sont des djihadistes fanatiques. Avant une contre-attaque de l’armée régulière, ils ont pris le village chrétien de Maaloula (5000 personnes) où l’on parle encore l’araméen, la langue du Christ. Ils ont égorgé des chrétiens, profané les églises, arrachant les croix et brisant les statues. Le tout en criant Allahu Akbar. Ces faits ont créé un grand choc dans les communautés chrétiennes de Syrie.

lundi 23 septembre 2013

eugénisme en Suisse


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

 

-         Qui peut trier, sélectionner et éliminer des embryons dans un laboratoire médical? C’est avec inquiétude que la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses réagit à la décision de la Commission de la science, de l'éducation et de la culture du Conseil des Etats (CSEC-E) d’entrer en matière sur l'autorisation du diagnostic préimplantatoire (DPI). Non seulement la CSEC-E approuve la direction proposée par le Conseil fédéral, mais elle voudrait même repousser les limites que celui-ci veut y mettre. Pareille approche utilitariste ouvre la certitude d’une pente glissante: si on plaide pour un assouplissement des limites, d'autres élargissements suivront inexorablement. La porte est grande ouverte pour l'entrée dans une ère de pratiques eugénistes: en effet, le DPI relève de l‘eugénisme, comme le Conseil fédéral le reconnaît explicitement dans son message, explique le professeur Thierry Collaud, président de la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses. Il ajoute: «Nous pensons que, contrairement à ce qu'on veut faire croire, nous ne sommes pas dans le registre du progrès, mais dans celui d’une déconstruction du vivre ensemble. En effet, une société ne devient pas meilleure lorsqu’elle s’autorise à sélectionner ceux qu'elle considère comme les «bons» et à éliminer les autres. Une société est authentiquement humaine lorsque, tout en luttant contre la souffrance et la maladie, elle se montre capable d’accueillir chaque personne dans sa dignité, et de faire une place aux plus petits et aux plus vulnérables des enfants des hommes. Fort de ce principe humaniste et évangélique, l‘Eglise refusera toujours de considérer le  tri, la sélection et l’élimination d’êtres humains comme un progrès. Elle plaide au contraire pour une orientation de la technique vers des solutions novatrices et respectueuses de toute vie humaine».

-         Au Maroc, le libre exercice du culte pour les autres confessions que l’islam n’est garanti que pour les hommes et femmes nés de parents non-musulmans. En revanche, les Marocains souhaitant embrasser le christianisme risquent l’emprisonnement: entre six mois et trois ans. En quelques jours, un jeune ouvrier marocain de Tanouate a été condamné à deux ans et demi de prison ferme et à une amende salée pour avoir parlé de ses convictions chrétiennes.  

 

lundi 16 septembre 2013

«Youcat» pour sortir les jeunes de l'analphabétisme religieux


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

 
  Dans un monde en perte de repères, «la nouvelle évangélisation a besoin de substance, de catéchèses consistantes qui sachent dire quelque chose de sérieux à notre vie», a déclaré lors du dernier synode au Vatican le catéchiste italien Tommaso Spinelli, chargé des jeunes catéchumènes au Bureau des catéchèses du diocèse de Rome. Les jeunes, a-t-il insisté, ont besoin de toucher du doigt «la solidité de celui qui est chrétien». Il a critiqué «ces prêtres qui s’adaptent à la pensée dominante, s’adonnent à des liturgies qui, en essayant d’être originales, deviennent insignifiantes». Tommaso Spinelli, a surtout demandé aux évêques une «redécouverte» du Catéchisme de l’Église catholique.

Les écoles primaires valaisannes ont droit à l’indigent manuel d’histoire des religions Enbiro qui est par ailleurs pédagogiquement inadapté aux âges des enfants. Les heures de classe données par des prêtres sont donc salutaires.  Mais pour beaucoup d’élèves, le catéchisme systématique se limite quasiment à la préparation des sacrements (Pardon, Première Communion, Confirmation). Il est donc urgent de revenir à l’enseignement systématique du catéchisme pour la nouvelle évangélisation de la jeunesse.

Les outils pour les ados et les adultes existent. Il y a, pour les adultes, le nouveau Catéchisme de l’Eglise catholique approuvé par Jean Paul II et son abrégé édité par Benoît XVI (et publié aux éditions Saint-Augustin). Et puis, il y a le «Youcat», catéchisme que le Vatican a fait pour les jeunes. L’Aide à l’Eglise en détresse (AED) a contribué à la distribution d’un million de «Youcat» lors des dernières Journées mondiales de la jeunesse à Rio. Youcat est «extrêmement utile pour l’éducation de nos jeunes gens», selon l’évêque bolivien Jesus Juarez Parraga. Inspiré du «Catéchisme de l’Eglise catholique» publié il y a 20 ans, mais jugé trop difficile pour les jeunes, Youcat, soit «Youth Catechism», adopte un langage plus facile et propose de nombreuses illustrations, explique l’agence APIC. Elaboré sous la conduite du cardinal autrichien Christoph Schönborn, avec la participation de 50 jeunes, l’ouvrage contient 300 pages de questions-réponses sur la foi. C’est à l’occasion des JMJ en 2011 à Madrid qu’AED avait financé pour la première fois l’impression de 700 000 exemplaires de ce catéchisme pour les jeunes, en diverses langues dont le français.

lundi 9 septembre 2013

Le calvaire des chrétiens


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

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         Ceux qui attendaient un nouveau pape plus laxiste en matière de morale en sont pour leurs frais. Le pape François s’est en effet montré jusqu’ici aussi conservateur que ses prédécesseurs sur les questions de morale. Sur la place Saint-Pierre, le pape argentin a appelé solennellement les gouvernements à assurer «une garantie juridique de l'embryon, pour protéger tout être humain depuis le premier instant de son existence». Il saluait les participants à Rome à une grande marche à l'appel d'organisations «pro-vie». Il a confirmé la tenue d'une grande rencontre mi-juin sur le thème de la «sacralité de la vie» au Vatican, à l'issue de laquelle il célébrera une messe. Les 10 commandements de Dieu sont un «code éthique» pour construire des sociétés justes, a par ailleurs affirmé le 8 juin le pape François.

-         Le printemps arabe et ses soubresauts est en train de tourner au cauchemar pour les chrétiens du Moyen-Orient. Ils avaient quitté massivement l’Irak suite à l’intervention américaine et aux représailles des salafistes sunnites et ils sont en train de quitter tout aussi massivement la Syrie à cause de la guerre et car les islamistes sunnites les prennent pour des suppôts de Bachar-al-Assad. Ainsi, les 3000 habitants chrétiens d’Al-Qusayr ont fui la ville. De nombreux Syriens sont réfugiés dans leur propre pays. Dans la région de Homs, 98% des chrétiens sont partis. A Alep, où vivaient 80 000 chrétiens avant la guerre civile, 60 000 ont déjà quitté la ville. En Egypte aussi, la situation des chrétiens devient critique. Après la répression de l’armée qui a déposé le président Morsi, les Frères musulmans ont incendié et saccagé en un jour 58 églises ou institutions chrétiennes, sans compter les commerces coptes pillés. A Louxor, en haute Egypte, la foule des  manifestants criait: «Mort aux chrétiens». Ces derniers sont devenus des boucs émissaires et la police laisse faire. Pour les salafistes, les chrétiens coptes sont partie prenante du coup de force de l’armée. 


 

-         La nomination par le pape François de l’Italien Pietro Parolin à la tête de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège est un «très bon choix», a confié à I.MEDIA le cardinal français Jean-Louis Tauran. Pietro Parolin est désormais le numéro 2 du Vatican. Il est connu pour être un fin négociateur.

lundi 2 septembre 2013

Chrétienne de l’ombre au Maroc


Cavalier seul

Vincent Pellegrini

 
L’islamisme gagne du terrain en Afrique du Nord et même au Maroc. Le quotidien marocain «Akhbar Al-Yaoum» a publié une fatwa du Conseil supérieur des oulémas, qui représente l’islam officiel au Maroc, fatwa requérant la peine de mort contre tout musulman qui apostasie sa religion. Le texte a provoqué une controverse au Maroc. Une conversion de l’islam au christianisme, par exemple, est une apostasie. La fatwa dit: «Celui qui renonce à sa religion est apostat et il doit retourner à sa religion. S’il refuse, il perd la vie et l’au-delà et il doit être condamné à la peine de mort». La fatwa rappelle aux musulmans de «rester dans leur religion et d’appliquer la sage loi de Dieu car toute personne née de parents musulmans, ou de père musulman uniquement,  est considérée comme musulmane à son tour et liée par un acte de foi et un pacte social à la nation d’islam.» La fatwa ajoute: «L’islam ne permet en aucun cas à ces personnes de quitter leur religion ou de renoncer au pacte social qui les lie. Faire cela est un acte d’apostasie et de déloyauté, et expose son auteur à des peines spéciales». Le Maroc, dans sa constitution, garantit à tous le libre exercice du culte. Mais dans les faits ce n’est valable que pour les étrangers.  Les musulmans qui se convertissent ont affaire aux autorités. Depuis quelques années, les autorités ont durci leur lutte contre les conversions et appliquent la tolérance zéro du «prosélytisme». L’article 220 du code pénal marocain condamne «quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi des musulmans.» De nombreux étrangers ont déjà été expulsés du Maroc pour cela. Et le Ministère des affaires islamiques a désormais une nouvelle tâche: garantir «la sécurité spirituelle» des Marocains. Nous avons interviewé par téléphone une Marocaine qui s’est convertie secrètement au christianisme. Elle n’ose pas aller à la messe car il y a deux policiers devant l’église et un à l’intérieur et que l’on demande leur carte d’identité aux personnes de type marocain. Elle a confié sa conversion au bureau et elle a perdu son travail «car cela donnait une mauvaise image de l’entreprise». Aucun prêtre n’a osé la baptiser par peur des représailles. Si elle rend son cas public elle perdra la garde de ses enfants. Elle a été menacée par mail par des gens qui la surveillent et savent tout de ses allées et venues…